LE DOMAINE DE LA CROIX - DES - GARDES
Chargé d’histoire, le château de la Croix-des-Gardes, comme l’appellent les Cannois, est devenu un lieu de légende. Le Festival international du film y aurait accueilli la première de ses soirées mythiques, et Alfred Hitchcock le choisit pour décor de La Main au collet, en 1955 avec Cary Grant et Grace Kelly.
En 1917, M. Paul Girod, industriel métallurgiste à Ugine, achète cinquante hectares de bosquets, de broussailles, de rocailles, à l’ouest de la Croix-des-Gardes. Au sommet de la colline, 213 mètres d’altitude, il fait construire une magnifique demeure de trois étages de style florentin. Les plans sont dressés par deux architectes, l’un genevois Edmond Fatio, l’autre cannois, Pierre Nouveau.
Sur treize hectares autour du bâtiment sont créés de somptueux jardins suspendus.
En 1925, Paul Girod vend sa propriété à M. Michael Goldman, créateur des bijoux Burma. En 1964, la villa, avec une partie du domaine, est vendue à l’un des propriétaires de Perrier, M. Leven. Des travaux importants sont entrepris. « Connaissance des Arts » écrit : Le bâtiment est évidé comme une coque de noix, le vestibule est ouvert jusqu’au toit.
Dans les années 1980, le Prince Charles et son secrétaire particulier y furent invités par M. Leven afin d’assister à des activités de bienfaisance. Son secrétaire raconte son étonnement quand on lui présenta un distributeur de boissons, trois robinets, le premier donnait de l’eau Perrier, le second un vin rosé très frais et le troisième un Bordeaux millésimé à la température adéquate.
Le château dispose de 24 pièces et 20 chambres. Comme le souligne Alexander Kraft, PDG de Sotheby’s International Realty, au Club Immo, ce bien d’exception est actuellement proposé à la vente au-delà de 50 millions d’euros. Un château de légende à la fois glamour et monumental.
Sources : Demeures anciennes et beaux jardins. De M.D. Cannes Côte d’Azur, Archives municipales de Cannes.
Fabuleuse histoire de Cannes. Jean Bresson.
ACTUALITES : NOS DEPUTES Le Littoral 1913-1914.
M. Gillette (1840-1933) fut notre député durant quatre ans. Licencié en sciences physiques et chimiques et en mathématiques, il est élu député de Grasse (et donc de Cannes) en avril 1910.
Aurions-nous voté pour la réélection de ce député sortant et sorti de Cannes ?
Extraits du journal Le Littoral 1913-1914.
Hélas ! Le critique le plus indulgent ne saurait trouver en lui les éléments du plus mince éloge et nous imaginons que l'ami — s'il en est un qui aura ce courage, — qui sera chargé de le saluer sur sa tombe, se trouvera fort embarrassé pour parler de lui sans insulter à sa mortelle dépouille. Après des études au lycée de Nice puis au lycée Charlemagne à Paris, il entra à l'École normale supérieure, mais en est renvoyé à cause de ses opinions politiques républicaines en 1866…
… Gillette est un bipède d'une espèce rarissime — heureusement. Maigre comme le carême en personne, la tête en ovale comme un gros citron ratatiné, les yeux en boule de loto, la bouche fendue en grimace, le buste étroit dans une veste flottante, les jambes maigres sous un pantalon trop court, il s'en va, silhouette de carnaval, avec des gestes d'automate. Au physique c'est un mannequin articulé. Au moral c'est une girouette grinçante : la Girouette-Arimondy brevetée du Courrier du Littoral.
Quand il parle, on dirait qu'il grogne. Quand il rit, on croirait qu'il va mordre. Quand il regarde, on jurerait que ses yeux sont des pistolets.
A la Chambre, lors de son premier discours il s'écriait : « Vieux Républicain sous l'Empire » ! Le mot était de taille. Et un de ses collègues commentait. : « S'il était déjà vieux sous l'Empire, il est excusable de radoter aujourd'hui. ».
… Dans l'art des volte-face il est passé maître. Par exemple, il a un sens profond de l'économie. Autrefois, quand il vendait de l'avoine, il facturait les bouts de ficelle, tandis qu'il répétait à sa vieille bonne cette belle parole qui lui est restée en surnom : T'aou Gardi I
Depuis qu'il est député, il évite les banquets pour ne pas avoir à donner de pourboires, et il s'achète des complets à 49 fr. 50 pour réaliser un boni sur ses 15.000 francs d'indemnité.
Il avait bien promis de verser six mille francs par an aux enfants pauvres des écoles laïques : mais il a sur ce point une excuse admirable : « L'élu est un autre homme que le candidat. Celui-ci promet. Celui-là se garde bien de tenir. Où est le mal ? »
… Un jour on parlait devant lui des besoins de la classe ouvrière : - « Peuh ! Ricana-t-il, les ouvriers sont exigeants, le pain noir est assez bon pour eux ! »
Une autre fois, une mère de famille en larmes lui contait sa détresse : « Je n'ai pas de travail, pas d'argent, pas de pain et j'ai quatre mioches », lui disait-elle pour l'attendrir. Il répondit à la pauvresse « Eh ! Madame, qu'aviez-vous besoin de les faire ? »
A la veille des élections :
Nouvelle cabriole de Monsieur Clown. La profession de foi de M. Gillette-Arimondy, dit oeuf d'autruche, est un morceau de littérature digne de la plume du professeur Goudron. Nous l'avons parcourue avec joie, et nous en recommandons la lecture attentive à tous les électeurs qui auraient pu garder quelque illusion sur la moralité du député sortant. Jamais le bluff électoral ne fut pratiqué avec une si tranquille inconscience. Jamais la réalité des faits ne fut maquillée avec une pareille audace. Jamais candidat n'osa équivoquer sur son programme avec un tel mépris de son drapeau. Gillette qui, au Congrès de Pau, avait adhéré à la politique radicale dont la haine de M. Poincaré, président de la République, est le principal pivot ;
Gillette qui s'est encanaillé à la rue de Valois, où les femmes de ministres assassinent froidement les journalistes de l'opposition, quand ce ne sont pas les beaux-frères de Leurs Excellences qui se font arrêter pour escroquerie ;
Gillette qui s'était crânement inscrit dans le parti radical unifié, avoue lui-même sa honte puisqu'il n'ose pas déployer loyalement sa bannière et puisque, se réfugiant dans le maquis des à peu près, il s'affuble d'une épithète radicale réformiste, qui ne signifie rien.
Il se plaint du « labeur écrasant qu'il a accompli pendant sa législature», affirme qu'il « laisserait volontiers la place à un autre », et déclare que c'est par « pur dévouement » qu'il se représente.
Il avait promis aux cheminots de défendre leur cause, et ce charlatan, traître à sa parole, a voté par deux fois contre la réintégration des cheminots. Il a même voté, par-dessus le marché, l'exclusion du député socialiste Colly.
Il avait proclamé qu'il ne s'occuperait jamais à faire accorder des décorations, ces hochets de vanité transformés en récompenses électorales, et il s'est humilié auprès des ministres pour obtenir quelques rares rubans - très rares et fort mal placés - puisqu'il a fait fleurir la boutonnière d'un individu que la police mobile de Pégomas a surveillé et soupçonné.
Il avait annoncé une interpellation sur les bandits de Pégomas. Il s'est tenu coi.
Il s'était engagé à venir rendre compte de son mandat tous les ans aux électeurs de toutes les communes. Il a manqué à sa promesse, en ce qui concerne Cannes, où il n'a jamais daigné venir s'expliquer publiquement pendant ces quatre ans.
Il affirme qu'il a obtenu le relèvement des droits de douane sur le néroli. C'est inexact ; car ce qu'il a obtenu de la Chambre n'est pas encore adopté par le Sénat.
Avant lui, M. François Arago avait fait triompher au Palais-Bourbon, un tarif identique ; c'est le Sénat qui avait, à l'époque, défait l'œuvre de la Chambre. Et le Sénat, vraisemblablement, peut faire une deuxième fois ce qu'il a fait une première fois. Gillette écrit sans rire, que « son intervention personnelle a abouti à des réalisations sur des questions économiques». Mais où sont-elles ces réalisations, que nous nous dépêchions de les aller voir ? Qu'a-t-il fait pour les oléiculteurs ? Rien. Il les a oubliés. Qu'a-t- il fait pour les horticulteurs ? Rien, sinon que son influence a fait diminuer la subvention accordée par le Ministre de l'Agriculture à notre Exposition Florale. Qu'a-t-il fait pour les agriculteurs ? Rien. Qu’a-t-il fait pour notre commerce local ? Rien. Qu'a-t-il obtenu pour nos villes ? Rien.
… Il n’a fait partie que d'une seule Commission : celle des économies. Il était là à sa place. Hélas ! il n'a même pas exercé ses talents d'harpagon puisque le budget, loin de diminuer, a enflé dans des proportions formidables.
En vérité, il ne s'est illustré à la Chambre qu'à deux séances mémorables. La première fois, c'est le jour où, dans sa muflerie et sa lâcheté, il a eu la bassesse d'âme d’insulter et de calomnier, du haut de la tribune, la femme de l'ancien sous-préfet de Grasse. Ce jour-là, Gillette s'est conduit comme un polisson. Et il n'est pas, dans la circonscription, un seul père de famille, un seul mari, un seul fiancé qui n'ait méprisé l'homme assez méprisable pour oser s'attaquer à une femme.
La seconde fois, c'est quand, pour sauver les Radicaillaux prévaricateurs compromis dans le scandale Rochette, il a essayé de salir un de ses plus honorables collègues.
Décidément, Gillette n'était pas un député, c'était un écouvillon. Il atteste, dans son affiche, que le programme radical est en partie réalisé. Vraiment il nous la baille belle. Non seulement la Chambre défunte n'a pas voté l'impôt sur le revenu, non seulement elle n'a pas trouvé le moyen, en quatre ans, de voter la Réforme électorale mais encore elle n'a pas été capable de voter le budget annuel.
… Pour la loi militaire, ce singulier médaillé de 1870 qui fit campagne en Algérie, préconise le retour à la loi de deux ans. Ceci est la condition qui lui a été dictée par le parti socialiste. Mais c'est aussi la déclaration qui situe le mieux sa candidature aux yeux de tous les bons français. Gillette, l'antipatriote, n'a pas conscience de l'honneur français. Le mot de Patrie ne dit rien à son âme haineuse. La future invasion ne trouble pas ses rêves. Il sacrifie à ses misérables intérêts électoraux la dignité et l'intégrité de la France. Cet homme n'est plus cannois.
Pour l'indemnité parlementaire, Gillette s'enlise dans une contradiction qui fait lumineusement ressortir son peu de sérieux. Tantôt il veut ramener cette indemnité au taux constitutionnel - et cet adjectif est une ânerie - de 9.000 francs par an, et tantôt il veut payer les députés par jetons de présence.
Gillette, c'est le chantage des Moines de Lérins, c'est la concussion des Pompes Funèbres, c'est le vol du Comité des Fêtes, c'est la fameuse Fête des Reines, c'est la dilapidation des fonds du Bureau de Bienfaisance, c'est le renvoi des employés municipaux, c'est le mouchardage des fonctionnaires, c'est le cambriolage du mur de la vie privée, c'est la violence, le mensonge, l'outrage, élevés à la hauteur d'un principe radical-réformiste.
… L’autre jour, au Riou, M. Gillette-Arimondy nous dépêchait ses turcos.
Avant-hier, à la Croisette, deux taxi-autos déposaient sur la Place du Masque de fer une douzaine de ces gentlemen que Gillette a spécialement engagés pour empêcher M, Arago de parler.
Faut-il que Gillette redoute la contradiction pour qu'il s'avise d'organiser le chahut à prix d'or !
Signé Verax.
PROMENADES PICTURALES :
(Cette peinture a été exposée à la biennale des Antiquaires de Paris en 1986).
Van Dongen est descendu plusieurs fois à Cannes participant aux Fêtes mondaines qui se devaient d’être au Palm Beach.
Souvenir ou résurrection, actuellement dans les sous-sols du casino de la Pointe Croisette, Jean-Pierre Spiedel fait le tri. « On est en train de dresser un inventaire très précis de ce qui a fait l’histoire du Palm Beach. De la vaisselle, de vieilles tables à roulette et de blackjack, des éléments de décor et même des vins précieux » explique le directeur artistique de cet établissement cannois qui baissera bientôt définitivement le rideau.
Tables de jeux, lustres, chaises, tableaux, sculptures… Ce sont près de 600 lots qui seront vendus lors de la vente aux enchères des objets du casino Palm Beach, les 3 et 4 juin prochains. Mais pour les fameux colosses qui trônent dans le hall du casino, une mise en beauté s’impose avant la vente. Les voilà donc entre les mains de dix artistes, soigneusement choisis par Jean-Pierre Speidel.
Inaugurées en 1929, fermées en 1991, et finalement rouvertes sous l’enseigne Partouche, depuis 2002, ses salles de jeux s’installeront dès le printemps prochain au rez-de-chaussée du 3.14 (voir billet N°76 août 2016).
ON NOUS COMMUNIQUE
Jeudi 8 juin : Promenade pédestre, guidée et commentée des Basses-Vallergues. RDV : 14h15 au club Carnot, av du Petit-Juas.
Jeudi 22 juin : Promenade pédestre guidée et commentée des Hautes-Vallergues. RDV : 14h30 arrêt « Hôpital ». Goûter champêtre chez un adhérent et ami. Inscriptions avant le 15 juin. 15 personnes maximum.
Pour tous renseignements : ( 06 10 83 12 39.