BILLET N° 52 AOÛT 2014
ET SI ON ALLAIT À LA PLAGE ?
Dans La Saison de Cannes en 1927 on peut lire que les jeux de plage et le bain sont à Cannes plaisir d’hiver, et en 1930 on y parle de l’été à Cannes.
Dans Les Nouvelles de Cannes du 15 juillet 1973, il est fait état longuement des plages cannoises. La devise de la Ville est propreté, sécurité, confort. Les sept kilomètres de sable fin sont lavés chaque nuit, les baigneurs peuvent disposer de douches, de radeaux de plongée, les surveillants de plages de vedettes rapides… Comme les hôtels, les plages privées sont classées en trois catégories une, deux ou trois bouées et leurs tarifs sont fixés par arrêté préfectoral. En fonction du nombre de bouées, l’entrée est fixée à 2,3 et 3,50F, le matelas à 3,50, 3,80 et 4,50F, le parasol, la chaise longue (la machine à reposer chère à Le Corbusier) et le pédalo suivent également le cours des bouées. Quatre boissons pilotes, bière, limonade, lait et eaux minérales ont leur prix bloqués, 1,50, 1,80, et 2,50F. La formule « Autour d’un plat » se composait d’une entrecôte ou d’un poisson et dessert avec un quart de vin, de bière ou demi d’eau minérale. 18F pour un établissement à une bouée.
Le teint clair de La Belle Époque n’est plus. Le teint cuivré arrive...
Quand Madame sort, elle dore, elle adore. L. S.
HALÉES SIMPLES : 1935 : Insolée, non rissolée. Eugène Schueller, créateur de l’Oréal, demande à ses chimistes de mettre au point un produit qui permette de bronzer sans rougir. Un an plus tard les congés payés et la pin-up Suzy assureront le succès de l’Huile Ambre Solaire et de son inoubliable parfum de rose jasminée. Les crèmes protègent des UVB mais pas des UVA, les sournoises. Les filtres les plus sophistiqués restent toujours à contrôler. Réf : Madame 2008.
LA POLITIQUE DE LA CHAISE LONGUE : Les premières chaises de pont (de couleur rouge au départ) apparaissent dans l’histoire de la marine marchande. Une compagnie anglaise comme « la Cunard » louait ses chaises 4 shillings pour une traversée et un préavis de 24 heures devait être déposé afin d’éviter la déception de ne pas s’asseoir sur sa propre chaise, à réserver de préférence. Le modèle de la chaise ? En bois incliné, cannée d’un treillis en rotin, avec un haut dossier, un repose pied et des accoudoirs.
Sa présence sur les grands transatlantiques la baptise transat. Plus tard, « Le France » utilise les nouveaux matériaux aluminium et formica.
Nous devons ce paragraphe à Nice-Matin du 24/08/2007 ainsi que ce qui suit : La chaise longue, c’est une façon de mettre les vacances en état de siège !
Le Corbusier et son élève et complice Charlotte Pérriand avaient donné le « la » dès avant la seconde guerre mondiale, en bambou, inspiré du japon, leur rocking-chair B306 avait ouvert la voie.
ET LE MAILLOT ?
A la fin du XIXe siècle, les baigneuses revêtent un costume de flanelle à jupette, manches longues, espadrilles et chapeau. Dans les années 20, Poiret et Chanel abandonnent le corset : c’est l’apparition du « maillot » collant au corps.
En 1936, Maman n’ose pas encore se mettre en maillot ; sa fille en a un, tricoté cet hiver, et qui s’allonge quand elle sort de l’eau, son fils porte le caleçon tombant à la Reiser … Heureux !
La bombe anatomique : Le bikini fait son apparition en 1946, il découvrait le nombril ! La France vient de lancer des essais nucléaires dans cet atoll du Pacifique et un ingénieur français, Réard, en profite pour lancer son costume de bain. Nice-Matin 03/08/2007.
SOUS LES PAVÉS … A la fin du Moyen-âge, à l’emplacement actuel de l’Hôtel de ville, s’étalait une plage portuaire à l’embouchure marécageuse des ruisseaux descendant des collines environnantes. Sur cette plage, les pêcheurs cannois plantaient des pieux pour amarrer leurs bateaux et dressaient des sortes de palissades en roseaux pour faire sécher leurs filets. Ce lieu, c’était la Marine. Au cours des années, la Marine s’était agrandie par les apports de sable qu’avait laissés la mer. A partir de 1838, la construction du môle et du quai Saint-Pierre accéléra ce phénomène naturel ; en moins de cinquante ans, c’est un élargissement de plage d’une quarantaine de mètres appartenant à l’État ; mais la ville veut se l’approprier pour créer une vaste place publique. Aussi, en 1847, elle décide d’empiéter sur ce territoire en prolongeant les canalisations sous les dunes afin que les effluents rejoignent la mer à travers les terrains. Ce sera une première prise de possession implicite. Après 1859, les Domaines finiront par oublier les débordements et la construction presque illicite de l’Hôtel de ville.
CE MOIS À CANNES : sa Libération.
Avant de se regrouper à Nice, les Allemands ont reçu l’ordre de faire sauter le port et une partie de la Croisette pour retarder l’arrivée des forces alliées. Ange-Marie Miniconi, Jean-Pierre dans la Résistance, obtient un rendez-vous avec le colonel ennemi, Schneider, à la Taverne Royale face à la gare. Il lui propose de quitter Cannes qu’il dit encerclé par les FFI (pieux mensonge) s’il renonce à la destruction de la ville. À deux heures du matin, l’officier dévoile enfin l’endroit où se trouve le mécanisme de mise à feu, c’est le sous-sol de l’hôtel Splendid. Tout est alors désamorcé, la catastrophe est évitée. Le colonel Schneider alla rejoindre son armée à Nice, passa en conseil de guerre et fut exécuté.
Propos recueillis par J.B auprès de la direction de l'hôtel Splendid que nous remercions.
Place Massuque, quai Saint-Pierre, Archives municipales.
La place Massuque connaît des heures tragiques en 1944. Le 15 août une vingtaine d’explosions retentissent quai Saint-Pierre. Au soir de cette journée, le quai est en ruine, la place et la jetée Albert Edouard très endommagées.
Le 23 août des débris jonchent la chaussée devant le restaurant Le Coq hardi et le salon de coiffure voisin par suite de l’explosion d’une bombe allemande. La statue de Capron qui se dressait devant l’hôtel Méditerranée tout proche est à terre. Ce sont les avions alliés qui en seront la cause. F.B.
LIENS ASSOCIÉS : Nice-Matin 29/10/2013
André Téchiné a posé hier ses caméras sur la plage « Les Sables d’Or ». Un décor au charme désuet pour planter l’idylle entre Maurice Agnelet et Agnès Le Roux à la fin des années 70. Guillaume Canet est vêtu en complet bleu pat’d’eph, cheveux gras, elle, Adèle Haenel en maillot de bain noir.
Agnès Le Roux, riche héritière du Casino de la Méditerranée, s’est évaporée à l’automne 1977. C’est dans le décor un brin fané digne des seventies de la plage Les Sables d’Or que des scènes de "L'Homme qu'on aimait trop" ont été tournées, 36 boulevard du Midi.
Ce restaurant sur pilotis est voué à la destruction en octobre. Il est tenu depuis trente-trois ans par Christian Escudier.
Cliché de L.S. du 14 juillet 2014.
Nice-Matin du 27 juin 2014 : Les Sables d’Or sera agrandi de 27 m2 et sera déplacé de plusieurs centaines de mètres à l’ouest pour des raisons de sécurité sur prescription de l’État. Le nouvel établissement sera démontable, conforme à la loi de 2006. Christian Escudier a déposé un dossier de candidature, plein de courage malgré un investissement qu’il prévoit de 700 000 €.
INSOLITE TRÈS TENDANCE
Cliché de L. S. qui en a d’autres en réserve.
ACTUALITÉS : Artemisia Gentileschi retrouve l’actualité. Le billet d’août parlait d’elle. Notre tableau s’était envolé pour Milan, devait revenir au musée Maillol alors que nous ne l’avons jamais vu, nous les Cannois ! Nice-Matin titre le 29 août : Exhumée d’une collection privée près de Cannes, une œuvre caravagesque d’Artemisia Gentileschi représentant Marie-Madeleine a battu un record mondial jeudi dernier chez Sotheby’s Paris. Cette huile sur toile de 1620 a provoqué une bataille entre sept enchérisseurs ; un collectionneur européen l’a emporté pour 8,176M€.
À tous bon mois d’août et portons-nous bien.